Le 12 août dernier, 1949books, ainsi que des habitations dans la Cité Elysées (la cité où est localisée 1949books à Yopougon COOPEC Ananeraie) et l’école EPP les Elysées sont barricadées avec des tôles, pour travaux.
J’étais en voyage au Cameroun pour le lancement de 19 ways of looking at Awono, un projet de traduction littéraire édité par la traductrice littéraire Georgina Collins et publié chez Bakwa Books. Quand je rentre le 17 août, je ne peux pas accéder à la bibliothèque.
- Personne ne rentre dans la cité, m’informe l’agent sur le terrain.
Je lui réponds que je suis la fondatrice de 1949 et que j’ai quand même besoin d’accéder à la bibliothèque parce que j’ai des affaires à y déposer. Une fois cela fait, je sortirai.
C’est à ce moment, qu’avec des résident.e.s qui commençaient aussi à se plaindre des désagréments subis, nous avons organisé une réunion à 1949 avec le président du Syndic de la Cité ainsi que le responsable sur le chantier pour comprendre ce qui se passait exactement. C’est au cours de cette réunion que le responsable sur le chantier nous informe que le projet initial a changé :
Il ne s’agirait plus de l’élargissement du caniveau (projet initial) mais d’un tunnel d’une profondeur de 5 mètres qui sera creusé au milieu de la voie.
La durée de ce projet sera de 7 mois.
Déjà que nous nous demandons à quel moment le projet a changé et que notre président du Syndic nous informe ne rien savoir de tout cela, le responsable sur le chantier nous informe qu’un point focal a été désigné et que celui-ci devra recenser les véhicules, que nous résidents et résidentes devront trouver un espace de parking, et alors la société d’ouvrage se chargera de payer un gardien.
Chronologie
18 août
Puisque nous ne savons pas vers qui nous tourner pour avoir plus d’informations étant donné que le président du Syndic affirme ne rien savoir, nous (1949) nous rendons sur le site afin de savoir où envoyer nos questions qui sont les suivantes :
Quand est-ce que le projet a changé ?
Pourquoi nous n’en avons pas été informé ?
Quelle étude de faisabilité a été faite concernant ce nouveau projet ?
Où pouvons-nous prendre connaissance de cette étude ?
Mais sur le site, il n’y a aucun panneau pour nous dire quelle est la société en charge de l’ouvrage, la durée de l’ouvrage, etc. Seulement cette affiche.
Nous avons demandé au président du Syndic d’écrire une lettre aussitôt à la mairie.
19 août
La secrétaire générale de 1949 se rend à la mairie de Yopougon. Une fois là-bas, la direction technique nous informe qu’elle n’a plus la charge du projet, mais que c’est PARU – le projet d’assainissement et de résilience urbaine – qui en a maintenant la charge. Nous nous rendons donc dans les locaux de PARU où nous rencontrons la spécialiste sauvegarde sociale et son collaborateur. Ceux-ci affirment être surpris par ce que nous leur disons et nous rassurent qu’ils viendront vérifier les faits sur le site mercredi 21 août à 14h. Entretemps, nous leur expliquons que notre voiture est dehors, et qu’elle n’est pas en sécurité. Nous leur demandons si nous pouvons enlever une feuille de tôle afin de pouvoir mettre la voiture au garage.
20 août
Nous contactons NCI afin qu’elle puisse couvrir la rencontre. Nous contactons également les autres résidents et résidents ainsi que le président du Syndic pour les informer que PARU qui a la charge de l’ouvrage viendra nous entretenir le lendemain à 14h.
21 août
C’est finalement à 15h40 que des agents de PARU arrivent. Constatant quelques 84 personnes potentiellement impactées par les travaux et présentes à 1949books pour les entendre, ils font savoir à notre secrétaire générale qu’ils ne s’attendaient pas à une rencontre avec un si grand nombre de personnes. De plus ils ne souhaitent pas répondre à nos questions. La raison évoquée est que PARU nous avait demandé le matin même du 21 août de ne pas impliquer les médias. Cependant, leurs agents ont fait le tour de la Cité pour comprendre ce qui se passait.
22 août
Alors que je suis dans l’espace librairie de 1949, j’entends des bruits de tôles en train d’être pointées. Je sors et je constate que la devanture de mon garage est en train d’être barricadée. J’informe l’agent que c’est PARU qui nous a donné l’autorisation d’enlever la tôle, mais il me répond que l’ordre est venu « d’en haut ». Je lui demande donc de me donner la permission de faire sortir ma voiture, après quoi, il pourra exécuter cet ordre qui est venu « d’en haut ». Finalement, il accepte et je fais sortir la voiture. Je cherche aussi un espace de parking où garer ma voiture.
22 août, dans l’après-midi
Une personne de la société en charge de l’ouvrage (nous ne savons pas à cette date le nom de la société en charge de l’ouvrage) vient voir notre secrétaire générale pour lui proposer de faire un recensement des commerçantes qui seraient impactées – il y avait un nombre considérable de femmes à la réunion du 21 août. Nous lui avons répondu qu’on voulait obtenir des réponses à nos questions; quant à un quelconque recensement des personnes impactées, cela est un rôle qu’on ne souhaite pas avoir.
Cette personne nous assure que comme les travaux n’ont pas encore commencé, nous pouvons enlever une feuille de tôle afin de faire entrer notre voiture au garage.
24 août
Des travaux ont commencé hier – un sondage du terrain – que déjà nous n’avons pas d’eau. Nous avons une réunion avec des agents de PARU au cours de cette semaine.
***
Nos questions demeurent :
Quand est-ce que le projet a changé ?
Pourquoi aucune des personnes vivant sur l’alignement de la bibliothèque n’en ont été informées ?
Quelle étude de faisabilité a été faite concernant ce nouveau projet ?
Où pouvons-nous prendre connaissance de cette étude ?
Nous ne voulons pas opérer avec les on dit, des ordres qui viendraient d’en haut, encore moins avec des injonctions du type:
« C’est un projet de la banque mondiale, si vous faites trop de bruit, la banque mondiale va arrêter le projet. »
« Vous ne pouvez pas dire que vous n’êtes pas au courant du projet ; le président du Syndic est au courant. » Jusqu’au 24 août, le président du Syndic affirmait ne rien savoir.
On veut juste comprendre. On vous tiendra au courant.